Pompier – Coup d’Projecteur…

Il a 33 berges comme l’autre. Il rappe depuis plus de 15 piges… Et il baroude en solo depuis x années maintenant.

Après un premier album complètement autoproduit, cet auteur-compositeur-interprète nous a fait l’amitié de venir poser un couplet sur Face B..

Il a un leust bien fat, bien dark… et réfléchi. Il s’appelle Pompier.

Nous, on s’connaît depuis un bail… On vient du même endroit. Les Morins à Antony. On s’est même rencontré sur des terrains de rugby, en tant qu’adversaires (au même poste, en confrontation directe). Et on a fait parti d’une même association, La Sauce Dibim…

Lui avec Ströll, un groupe de hardcore-ethnique comme ils disaient… et moi avec Leshmonk, un groupe de funk. On s’est pas mal croisé et j’ai des questions à lui poser… LET’S GO!

Parlons rap.

T’as commencé comment? Avec Stroll direct?

Nan, en fait, je dis toujours la musique, c’est une affaire de rencontre! Par hasard, un samedi soir, je suis allé voir le gala d’un lycée. Il y avait du théâtre, de la danse et un concert! C’est là que j’ai rencontré Vincent et Julien du groupe Joke. On a bien discuté et comme le feeling passait bien, on m’a proposé d’écrire sur le thème d’un « malade mental », c’est comme ça que le morceau « le dutor » est né et que j’ai réellement commencé à faire du son. Avant je rappais dans ma salle de bain et en soirée pour tripper avec mes potes B Dave et Latino. Ensuite, au bout d’un an, j’ai rencontré par le biais de notre asso de l’époque « la Sauce Dibim » différentes personnes et notamment un groupe de Métal Hardcore: Stroll. Comme je jouais un peu de didgeridoo, on a fait des boeufs ensemble et j’ai intégré Stroll au didgeridoo puis progressivement, j’ai pris le micro…

Vous avez franchement cartonné à l’époque…

Cartonné non, disons qu’on était assez respecté, je pense, dans la mesure où on s’était grave équipé niveau matos et qu’on bossait comme des tarés! On avait aussi cette intégrité qui d’ailleurs a probablement été la cause de notre « non-perçage »… On a eu cette chance de faire quelques concerts assez énormes que ce soit sur la scène parisienne ou en province (La Rochelle, Montmartin sur Mer). On était deux chanteurs, Benjamin et Moi, lui gueulait et faisait les chants clairs et j’avais les parties rap et ragga…

Pour toi c’est fini le métal?

Le métal, c’est toujours dans mon iphone, dans ma discothèque… J’en écoute encore et je kiffe toujours autant un bon gros Far Beyond Driven de Pantera ou un Destroy Erase Improve de Messhuggah. Après pour une formation purement métal, ouais c’est fini. Quoi que, je me suis mis à la basse récemment, alors on ne sait jamais.

Qu’est-ce que t’as gardé de cette expérience?

Un meilleur pote qui est le parrain de mon fils! Des rencontres, des sourires, de la sueur, la passion de la musique. Il y a aussi cette tolérance et le fait que l’habit ne fait pas le moine! J’ai croisé des mecs tatoués à faire crever une grand-mère par infarctus avec des clous dans le corps mais d’une profonde générosité et d’une gentillesse extrême! J’ai aussi gardé une légère perte d’audition à une oreille à cause d’un choc au nerf auditif après une répète sans protection! (rires)

T’es beatmaker aussi et t’as ton propre style (que j’aime beaucoup)… Tu peux nous le définir?

Pour ce qui est du style, avant je ne faisais que de la composition. Il n’ y a pas très longtemps que je bosse avec le sampling et puis, j’ai viré mon PC pour taffer essentiellement à l’oreille. J’aime le hardware et les configurations stables. J’aime bien les grosses infra-basses, j’aime quand le son est lourd oppressant. J’aime ce côté electrorap, donc je pars là dedans. Quand je compose un track, j’essaye d’imaginer le « live » avec les sonorités et surtout les basses dans ta face!!! C’est en allant voir Rumeur en live avec l’album « Regain de tension » que j’ai définitivement basculé dans un style electro. Et puis, il faut dire que je suis à la base un « métalleux » et je suis à fond sur la east coast: des beats bien lourds, épurés qui donne une efficacité dans une ambiance bien glauque!!

Des influences?

Des influences, on en a tous. Au niveau des prods, je suis bloqué sur des trucs comme Cypress Hill, Psycho Realm, R.A The Rugged Man, Methodman et le Wu Tang. L’album Temple of Boom de Cypress est une mine d’or en terme de son. C’est ce qui me plait le plus en terme de beats, d’ambiance et de musique.

Sinon, j’écoute vraiment de tout, du rap, du rock, de la variété, du reggae, du métal, de la chanson française etc: Djamal (ex Kabal, In Vivo), La Rumeur, Casey, NTM, Lofofora, Kabal, Assassin, MAP, Renaud, Yapa, Jamiroquai, Jill Scott, Wax Taylor, Oxmo, Pantera, Messhuggah, Olivia Ruiz, Freko et les anciens ATK, Da’Pro, G Moni, Wira et Zakariens…

Pompier? Pourquoi ce blase?

Pompier, parce que quand j’ai rencontré mes potes de Joke, je passais les concours pour faire ce métier: pompier. Du coup, les potes m’appelaient Alex le pompier, puis le pompier, puis Pompier. Quand je suis parti sur mon trip solo, il a fallu prendre un blase et naturellement c’est celui-ci qui est sorti! Du coup, on a axé à fond sur l’image, le cliché et du coup le 1er album s’appelle « Quand ça s’enflamme », le projet qu’on prépare actuellement avec un ami beatmaker MARTIS d’Orléans s’appelera « Retour de flammes » et je prévois d’ici 5 ans un dernier opus dont le titre sera « Et s’il ne restait que des cendres ».

Okay.

Ton rap en deux trois mots?

Engagé, militant, poétique et depuis peu humoristique.

Le fond?

Obligatoire, c’est l’objet même de notre mouvement Hip hop!!! Rap conscient jusqu’à la mort!!!

La forme?

C’est pas le principal! Je préfère un mec qui rappe des trucs intéressants qu’un MC qui parle pour ne rien dire…

le flow?

Je ne suis pas un tueur en flow, je fais mon truc sans me poser de question. Je crois que de toute façon, c’est foutu pour évoluer à 33 piges!!!

Qu’est ce que tu racontes un peu dans tes textes?

Sur le 1er opus, c’est du glauque! C’est un album exutoire. Il fallait que je crache ma haine. Aujourd’hui, j’ai muri musicalement et surtout j’ai vieilli! J’essaye de prendre des thèmes qui touche à l’humanité tels que la politique, la société, la violence, la justice, les quartiers, la police, etc. Même si encore une fois je me laisse aller à des thème plus poétiques avec l’utilisation de métaphores pour décrire les drogues au travers de la femme, ou les écrits qui s’embrasent pour le thème du feu. Quoi qu’il se passe, il y a toujours une forme de « conscient » dans mes textes.

Est-ce que t’as des thèmes récurrents?

Nan, je fais au feeling même si je dois reconnaître que je parle de nature humaine dans tous mes textes.

Un disque que tu nous conseilles?

Il y a tellement de trucs bons ou qui méritent d’être cité. Mais, sans hésiter, et aussi parce que ça vient de sortir et que je kiffe, je dirais l’album de Djamal, « Sociopathe »! Un puissant mélange de gros son et de plume acérée! En plus, il l’a sorti en édition collector avec un livre et des illustrations. Superbe projet. (http://www.sociopathe.org)

Un livre?

Je lis très peu pour le plaisir en ce moment… Là, pour le boulot, je viens de lire un livre de Laurent Mucchielli et Marwane Mohammed intitulé « Les bandes de jeunes, des blousons noirs à nos jours »… Prochainement, je vais lire le livre « Déni de Cultures » de Hugues Lagrange qui semblerait-il face pas mal polémique.

Une bédé?

Trolls de Troy, c’est bien dark, j’aime bien.

Bang bang!

Tes projets?

La sortie prochaine d’un co-album « Retour de flammes » avec Martis qui nous fait les beats! On retrouvera aussi Kin Chino à la basse et sûrement un morceau feat Djamal et un gros feat de la famille: Zé, Wira, Da’Pro, Fred Dorlinz, Jean Jean, etc… Tous ne sont pas encore au courant! Et puis j’aimerai bien reprendre la scène… Eh Djamal si tu lis ça, tu ne veux pas du Pomplar en 1ère partie????

Sans détour, jamais.

A la fin de ta vie tu voudrais qu’on dise quoi de toi?

Le mec qui pèse comme un gars obèse! A merde, c’est déjà pris?

Nan nan, je crois pas.

Un commentaire sur la banlieue?

Quand est-ce qu’on pète ces tours et qu’on mette de l’oseille dans la prévention et les projets culturels?

La politique?

Encore 1 an à tenir! C’est pas glorieux et ça ne risque pas de changer! faut que la jeunesse se mobilise en 2012!

Et pas que la jeunesse j’ai envie de te dire…

Une dédicace?

A mon frère de son Martis, un pur beatmaker. À toi, Zé et aux potos d’Altermutants: Kin Chino, Sokrat et le reste de la clique. A Djamal pour son combat musical. A Stalagmythe, label indé d’Orléans: Fred, Jean Jean, Trubblion, Killa Cook. A Farshad, Da’Pro, Freko, Wira. A Malez, la 94 connexion. Et principalement à ma famille, ma femme et mes 3 mômes!!!!

Peace, love, unity and having fun!

T’es capable de nous lâcher de la rime façon toi pour conclure cette interview? Comme ça, à l’arrache…

En 1ère ligne, vlà la grosse ossature qui s’amène

150 kilos de barbaque, façon abdos heineken

C’est du lourd mais sincère dans un corps déformé

On s’insère mécanique ou reste au raz de la mêlée

En tout cas, le travail, on le fait en équipe

Envoie les prods qu’on leur appose les accaps

la rime aiguisée comme des crampons 16 millimètres en alu

affuté au combat sur le terrain du pré vert comme de la rue

Militant de l’ovalie, c’est rap mi fun mi engagé

En 5min écrit sur l’openoffice de mon PC

quand je relis je me dis pfff c’est quoi ce texte pourri

mais pas le time de changer, je bouge au stade voir France Australie!

¡ Hasta luego !

Entrevue réalisée par Zé Riu et mise en page par DrJay pour altermutants.fr

zeriu Écrit par :

2 Comments

  1. 5 décembre 2010

    Cimer pour le freestyle.. il nous a bien porté chance!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *