Lektor – Coup d’Projecteur…

Il a 28 berges et rappe depuis un petit bail déjà… Il rappe pour nous livrer sa perception du monde, également motivé par la nécessité de dénoncer ses dérives. Mais pas que. Voir la réalité au travers de son prisme, son rap, c’est garder un oeil ouvert sur c’qui nous entoure… Il a l’accent de sa banlieue sud, proche de Paris et balance son flow avec conviction.

« J’ai grandi à Cachan, une petite ville de banlieue comme plein d’autres qui est devenue un peu connu quand Sarko a décidé d’évacuer un squat qui ne dérangeait à peu près personne à des fins électoralistes. »

Il s’appelle Lektor.

Il est aux antipodes des clichés commerciaux de rap… Mais il réclame sa part d’audience!

On y va cash, sans perdre de temps. Parce que ça roule tout seul… LET’S GO!

Tu rappes depuis combien de temps Lektor?

En fait, aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu faire des rimes, mais pour ce qui est du rap, je me suis dit que je voulais vraiment faire ça en entendant « l’Homicide Volontaire », d’Assassin. J’avais donc 13 ans. Je faisais ça dans mon coin et vers 16 ou 17 ans on a monté un groupe avec des potes qui a tenu jusqu’à la fin du lycée en gros ( ça te dérange si je t’appelle en gros?). Après vers 20 piges on a monté AFL avec Anakin et Flow qui étaient aussi des potes de lycée.

Pourquoi tu rappes?

Je t’avoue que j’évite de me poser cette question… La réponse courte serait : parce que. Mais pour résumer je dirais que c’est entre le besoin et l’envie.

Lektor? Pourkoi ce blase?

Evidemment c’est une référence à Hannibal Lecter. Dans le Silence des Agneaux, Anthony Hopkins est flippant tout le film alors qu’il ne sort à peu près jamais de sa cellule. En fait c’est juste avec ses mots qu’il impressionne tout le monde et je trouve ça fascinant. J’ai juste modifié un peu le nom pour me l’approprier.

Ton rap en deux trois mots…

Le fond?

Généralement, je préfère écrire sur des thèmes. En même temps je suis comme tous les rappeurs et il m’arrive d’écrire des conneries juste pour le plaisir de kicker le mic.

La forme?

Faut que ça pète. Après comme pour le fond, rien de systématique, j’aime bien essayer des trucs. Par contre je suis pas très sensible au dirty. Je suis de la génération d’avant je crois.

Le flow?

Pour moi, le flow doit servir le texte. J’aime pas les mecs qui posent tout le temps pareil peu importe le sujet abordé ou le type d’instru derrière. En tout cas, il faut que le flow reste audible. Si on comprend pas ce que tu dis, autant que tu fermes ta gueule, non?

Qu’est ce que tu racontes un peu dans tes textes toi?

On va dire que ça dépend des périodes, mais il y a des sujets qui reviennent souvent comme l’individualisme de notre société, le manque de tolérance ou le besoin de mordre la vie.

C’est quoi tes influences?

Musicalement, Stevie Wonder, George Clinton et tous ses satellites, Michel Berger, la Motown et la Stax. Y a plein d’autres trucs qui me font kiffer mais ces noms là me viennent à l’esprit en premier. Textuellement, Georges Brassens, le plus grand de tous les MC’s. y aurait plein de rappeurs à citer mais juste derrière ce mec, ça resterait ridicule.

Tu nous conseilles un skeud?

Je suis pas forcément de bon conseil. J’ai pas trop suivi l’actualité depuis un moment.

Un livre?

Le traité sur la Tolérance de Voltaire, parce que je me demande si nos dirigeants l’ont lu un jour.

Bang bang!

Un mot sur la net tape Altermutants à laquelle tu participes?

J’ai posé sur Avant. Un sujet très actuel en fait.

Ce projet respire l’aventure humaine et j’aime ça. Je suis content d’apporter ma pierre à ce premier projet Altermutants. J’espère qu’il en appellera d’autres.

T’inquiètes…

Un commentaire sur…

La famille?

Ca passe avant tout.

La banlieue?

C’est mon environnement. Je suis né à Paris mais j’ai grandi en banlieue. Donc Paname ça reste mon village natal mais je crois que quand on est un banlieusard on le reste à jamais. J’ai la chance d’avoir grandi dans une banlieue où il y a un peu de mixité sociale.

La politique?

Je suis un utopiste communard et comme disait Victor Hugo « l’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain ». Et pour sortir des grandes phrases, la politique au sens noble du terme je crois pas qu’on l’a connu pour ce qui est de notre génération. On voit surtout des mecs dont la plupart sont avocats. C’est-à-dire des mecs dont le métier est de transformer la vérité dans le sens qui les arrange. Et ces mecs sont conseillés par de publicitaires, c’est-à-dire des mecs qui doivent te vendre des trucs dont tu n’as pas besoin. Tu parles d’un projet de société…

Okay.

Une dédicace?

A mon groupe AFL. D’ailleurs on a un petit maxi gratuit dispo sur aflmusic.bandcamp.com vous avez déjà fait de la pub sur altermutants mais tant qu’à faire…

Moi je l’ai!

Une dernière question:

Dans la vie, t’as l’air drôle et décontracté, moins dans tes textes… Est-ce que le rap te sert à mener un combat?

Effectivement, dans la vie j’essaie de pas me prendre la tête, j’aime la convivialité, la bonne humeur et quand ça va pas je fais tout pour accrocher un sourire sur ma gueule. J’évite de faire chier mon entourage en quelque sorte… Le rap est en ça un exhutoire et dans les périodes où je fais moins de zique, je t’assure que je deviens plus chiant et moins agréable pour mon entourage. C’est toujours mieux que le Prozac. « Mener un combat » c’est peut-être donner trop d’importance à mon « oeuvre » mais si ça peut motiver des gens à se mobiliser j’en serai super fier.

Yes!

Une dernière dernière:

T’es fan de foot… Alors, ça fait quoi d’avoir ses deux pays en finale d’une coupe du monde (2006)?

(Moi je peux attendre mon France-Chili…)

Pour le foot, je suis plus supporter de l’Italie parce que mes premiers souvenirs de foot c’est la coupe du monde 90 et la France… n’y était pas. Faut rappeler aux plus jeunes que pendant longtemps la France en foot, c’était nul. Et depuis le temps que j’attendais une victoire de l’Italie, il a fallu que ce soit face à la France donc ça m’a un peu fait chier quand même. C’est un peu comme si on te demandait de choisir entre ton père et ta mère. Mais bon, c’est que du sport quand même.

T’es capable de nous lacher de la rime façon toi pour conclure cette interview? Comme ça, à l’arrache…

Juste un mec avec sa plume qui est venu tagger dans le dictionnaire.

Cimer Lektor.

¡ Hasta luego !

Entrevue réalisée par Zé Riu et mise en page par DrJay pour altermutants.fr

zeriu Écrit par :

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